Tout finit par arriver, j'attendais juste la démission de Fidel pour vous narrer mon voyage à Cuba. Les gens raffolent des ambiances fin de règne, de ces jours ordinaires qui bousculent l'Histoire, n'est-il pas? Nous y voilà. Dans ces lignes vous seront contés les derniers jours d'un condamné. Docteur wolff vous invite à prendre le pouls d'une île convalescente au pouvoir vacillant.
Néanmoins, chers clients, je prête solennellement devant vous le serment Pizza-Hut: si d'aventure les futurs messages blog n'arrivaient pas dans les 30 jours suivant le déroulement des évènements, je me verrai contraint de vous faire livrer une pizza. Une pour tous, et tous pour une. Merguez-bacon, ça vous va?
Aller à La Havane, c'était un peu un rêve. La quitter, c'en est devenu un aussi. La vie y est hors de prix, beaucoup de gens y sont roublards (les autres sympathiques sans être chaleureux), les bars y ferment à minuit, les rues y ont un nom officiel et un nom d'usage. Délabrée, sordide, inhospitalière (à l'exception de quelques rues du centre historique rénovées pour les touristes), la grande ville n'a rien à voir avec son île. La richesse d'autrefois éclate à tous les coins de rues (immenses palais coloniaux en ruines, grands hôtels victoriens, vastes places, longs boulevards et promenades), ce qui rend la rareté et les insuffisances présentes encore plus flagrantes. En fait, j'ai trouvé la Havane angoissante, très vide. Pourtant, on ne peut pas parler de pauvreté: la population vit, elle ne survit pas comme dans beaucoup d'endroits au Mexique. Certes elle est loin de vivre dans l'aisance, mais tout le monde a un toit en dur, de l'eau courante, de l'électricité, et de quoi manger. Tout le monde est logé à la même enseigne. La seule inégalité ici, c'est celle qui sépare le cubain et le touriste.
La première nuit nous avons logé à 7 chez l'habitant, dans le vieux Havane, clandestinement. Dès qu'on franchit le pas d'un immeuble ancien, c'est le choc: tout est croupissant. A l'étage, les grands appartements distribués autour du patio (lui-même comblé par une tour d'habitations!) ont été redécoupés pour que puissent s'y entasser des dizaines de familles. Notre hôte, Lourdès, vit au bout d'un long couloir qui serpente entre des petites baraques bétonnées. Elle vit avec son fils de 18 ans, l'amie de ce dernier, et un perroquet. On était tous un peu interloqués. L'endroit était sombre et froid. On se tenait à 7 dans un salon étriqué, on envahissait l'intimité d'une famille, ne sachant pas vraiment de quoi leur parler. Le dialogue avec eux était difficile. On ne se comprenait quasiment pas: les cubains parlent très rapidement avec un accent très différent du mexicain, et articulent à peine. Lourdès et sa belle-fille répondaient vaguement à nos questions et souriaient très peu.
Pour 25 dollars US chacun, on a dormi par terre sur des matelas et pris le petit déjeuner. Il a fallu se laver dans un seau car la douche ne marchait pas. Cette forme d'hébergement chez l'habitant est très répandue à Cuba, les hôtels d'Etat pratiquant des prix très élevés. Mais la loi interdit de loger plus de 2 personnes par chambre. En effet, les particuliers qui accueillent des touristes doivent payer une forte taxe mensuelle à l'Etat, en fonction du nombre de chambres et du service proposés (nuit seule, demi-pension, pension complète). En accueillant 7 étrangers dans son appartement non-agréé, cette femme risquait quelques années de prison. Elle nous a prié d'être le plus discret possible, pour échapper au contrôle de la surveillante du bloc. Car chaque pâté de maison est supervisé par un agent public qui y vit, compile des informations sur chaque habitant, inspecte régulièrement les logements et s'assure de la légalité des activités de chacun. La rumeur qu'untel ne se rend plus à son lieu de travail parvient vite jusqu'à elle. Les antennes paraboliques qui permettent de capter les chaînes étrangères à la télévision sont aussi interdites. Si elle tombe dessus, c'est la prison garantie. Et alors? Pour faire passer le temps, Lourdès allume quand même sa télé et nous montre une télénovela mexicaine. Dur dur.
Lourdès n'a pas attendu longtemps pour sortir son carnet de rations. Un tableau à double entrée: à droite les produits de consommation rationnés fournis par les Magasins d'Etat, à gauche les mois de l'année. Dans les cases, des croix et des tampons pour indiquer les quantités délivrées. 3 kg de riz/mois/personne - 1kg de poulet/mois/personne - du lait mais seulement pour les enfants de moins de 5 ans - des tomates, des goyaves, des bananes - 1 tube de dentifrice et 1 savon par foyer - etc. On se procure tout le reste dans les "Tiendas", où les prix sont en Pesos convertibles (= dollars US), absolument inaccessibles aux cubains. Pour notre petit-déjeuner, Lourdès ira acheter du pain, des oranges, du beurre, de la confiture, du lait et du sucre avec nos 25 dollars. Avec ce qui en restera, elle pourra s'acheter plus de savon et plus de viande. Si rouler les touristes est un sport national, en voilà la raison. Sans dollars venus de l'étranger, une famille peine à vivre décemment, car avec la monnaie nationale on n’achète guère que des fruits et des légumes. Voilà aussi pourquoi on se sent si mal à La Havane. On est une proie permanente. Pas si surprenant donc que les mendiants mendient du savon et des sucreries, plutôt que de l'argent cubain avec lequel ils ne pourraient rien faire. Je m'arrête là pour vous montrer quand même quelques jolies photos... Tout ne se mange pas mais il y a aussi du bon dans La Havane !
Le Malecon (bord de mer) et l'Atlantique déchaîné
AAAAH il pleut des vagues !
Le Malecon dans son habit du dimanche
Habana 90210 ou Sunset Beach?
Et le mojito fut. Tempête dans un verre.
Une Lada pour madame, un cabriolet pour monsieur. Pas facile la vie de couple à Cuba
Place de la cathédrale
Un palmier qui sort d'un patio
Des chaussures pendues à une ligne éléctrique.
C'est pour faire un voeu (au Mexique aussi ça se fait).
Ministère des Prix ! Mouhahaha
Bah oui, c'est bien gentil l'offre et la demande, mais quand ya pas d'offre on fait comment, hein?
Un anniversaire à souhaiter? Faites-le avec un Che!
Le Capitole, palais législatif de la nation, réplique à l'identique de celui de Washington.
5 commentaires:
Quel roman! Je sens que tu as envie de t'ouvrir, de te confier, qu'est-ce qui va pas mon lapin?
Hmmm ça a l'air... euh... chouette... Cuba... eheh.
Bon aller, je me motive et je poste aussi sur mon blog! Hmm pas ce soir, demain peut-être... On verra.
Bon vu qu'apparemment, tu as très envie d'écrire, je te propose quelque chose: tu fais mon rapport de stage, et en échange je viens au Mexique :) Ca roule raul? cool :) La faute à qui? bah a Fidel...
Bye dude!
ahaha Raul Castro, qu'est-ce que t'es drôle !! t'as pas changé mon gros loup, vient me voir et je te fais ton rapport avec sagacité et probité
parle à Lise et achète tes billets DOUDIOU!
Et ben t'as pris de mauvaises habitudes à Cuba, tu fais le dictateur maintenant et tu supprime les commentaires... Communiste va!
Lise me répond pas, t'aurais pas des niouses toi par hasard?
Hey! you haven't written anything for ages! jajaja
luis
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