jeudi 2 octobre 2008

Baja California

Nuit de samedi à la Paz.
Vers 23h on monte la tente sur la plage, enfin sur une bande de sable entre la mer et le malecón (ce boulevard criant de moteurs où transitent des cohortes de jeunes). Le trafic est lent : ça bouchonne pour aller en boîte. Mais on choisit quand même ce bivouac précaire, faute de mieux.
On enfile nos pyjamas, mais pas mon sac de couchage en ce qui me concerne, puisque je l’ai oublié à Creel. Un de plus! Eh oui, on sème beaucoup de choses quand on voyage : combien de chapeaux oubliés dans des bus? de pulls perdus à l'aéroport? de T-shirts? d'appareils photo? Qui sait, je suis peut-être le premier fournisseur d' "Objets Trouvés" dans le monde.
En attendant, ça roupille déjà à côté de moi. Et soudain, ce qui devait arriver arrive. Les policiers de ronde braquent leur faisceau sur notre tente. J’enlève mes boules Kies et m’extrais péniblement, l’air penaud dans mon pyjama.
J'ai affaire à des hommes de peu de mots. Je tente d'abord la feinte. Quoi? Le camping sauvage c'est interdit?!
« D’où venez-vous ? Pour combien de temps êtes-vous à la Paz ? Quelle est votre destination finale ? » J’explique qu’on reste qu’une nuit, qu’il n’y a pas de camping à la Paz et que pour des gens de passage il n’y a guère que la plage…
Ca va pour cette fois. Sursis d’une nuit, mais qu’on ne vous y reprenne plus ! Faites quand même gaffe à vous, car le samedi il y a du desmadre par ici.
Je suis scié.
Ils n’ont même pas osé me demander une mordida (ce bakchich en cash qu’on donne partout ailleurs au Mexique pour acheter le silence de la police). Je réalise que j’ai débarqué dans un endroit encore plus exotique que je ne le pensais…
C’est alors, autour de minuit, qu’on commence notre courte nuit, blottis en position fœtale sur 1m² ½ au milieu de sacs et d’habits épars. La brise chaude de l’après-midi est devenue martingale. J’ai des glaçons aux pieds. Le va et vient des vagues sur le sable ne suffit pas à me bercer. Peu à peu, les serins noctambules se font evanescents...
Et puis rien.
A 7h le soleil me réveille. J’émerge à tâtons dans un paysage de velours, dans un air encore frais et doux comme la goyave, que le soleil levant teinte d’un subtile rose orangé. J’aide gentiment Jo à finir sa nuit.
On plie la tente en silence pour ne pas brusquer nos idées. A ses heures là, on a l'impression de surprendre le monde entier! Chaque maison a encore les paupières lourdes, les rues sont inertes, la lune tarde à se rhabiller de bleu.
La mer me calme. Elle vous suggère un état délicieux, même agitée. Soudain, j’ai les idées claires. Comme l’eau vive, je suis alors en surface ce que je suis au fond. Comme l’eau vive je bois l’écume des jours. On se met ensuite en marche vers la sortie de la ville.
En trouvant La Paz, nous avons retrouvé la paix. Celle que l’agacement et la fébrilité du voyage en ferry nous avaient volée. Il faut dire aussi que nous n’avions pas vu la mer jusqu’ici.

le camping improvisé

Faire du stop pour pouvoir se payer de la bière

Bahia Concepcion


l'osito Bimbo qui tire la langue comme une grosse bimbo



Chose promie chose due, la voilà la bière


Chihuahua avec jo et anaïs

«Pasele. Habitaciones con baño privado. Nuevo Hotel Plaza. Ambiente Familiar. Precios económicos ! ROOMS WITH PRIVATED SHOWER-LOW PRICE»
Jo et moi tombons en pâmoison devant cet hôtel bourré de qualités. Et juste derrière la cathédrale! Le guide du Routard s’est vraiment pas foutu de nous ! Pour tout français un tant soit peu familiarisé avec le guide Michelin, la seule lecture du mot "Plaza" entraîne l’émoi. Il rappelle à notre imaginaire collectif le Plaza Athénée, ce palace parisien de démesure.
Sauf que… (un cours de civilisation mexicaine s’impose)
Ambiente familiar veut dire que la nuit on entend des bébés brailler depuis les appartements du dessus et que l'endroit est infesté de blattes. Les cafards se croient chez mémé. Et chacun fait le ménage dans sa chambre. Et puis quoi encore, on n’est pas à l’hôtel !
Notre chambre a la jaunisse. Tout est d’un autre âge. Meubles et murs donnent l’impression d’être fatigués par leurs vies précédentes. Le souffle tiède qu'exhalent les tiroirs et les placards est celui d’une bouche aux dents pourries!
Le moindre détail surprend. La télé (un fossile avec boîtier en bois) est alimentée par un cordon raccordé au lustre qui pend du plafond. La chaise en métal brillant recouvert de skaï rouge semble attendre l’entrée d’un boxeur. Une serviette blanche dort sur le dossier. Il s’en épongera le front et ressortira du vestiaire, ce lieu de passage qui vous précipite dans le match car pour rien au monde on n’y resterait UNE seconde de plus.
La tringle à rideaux plie sous le poids des voilages, et le parquet sous nos pas.
L’endroit vit. On voit ses yeux à travers les trous pratiqués dans chaque porte, là où se trouvaient peut être un jour des serrures. La soufflerie le remplit d’une fraîcheur de morgue. Le tout sous un jour blafard.
Mais peu nous importe de passer la nuit dans cette imposture déguisée en chambre à coucher. Le rire s'empare de nous. Les taies d’oreillers en plastique, la douche (« privatisée » comme dit l’annonce), la réaction prévisible d’anaïs…
Suivre son instinct de survie = Prendre la tangente
Une nuit passée à se calfeutrer dans nos sacs de couchage pour éviter les éboulements de cucarachas nous en convaincra ! Sérieusement, c'est à peine si j'osais ouvrir la bouche pour respirer !
En route pour le CHEPE tchou tchouuuu

Sinon Chihuahua, c'était comme ça :

et aussi comme ça:

et parfois même comme ça:

et alors ça, c'est vraiment pas souvent mais ça arrive:


"sortie de secours"
beau message hein?